2 Présentation du site

La commune de Guissény (Gwiseni) se situe dans le nord Finistère au cœur du pays pagan, sous-pays du léon (fig. 2.1)2. Elle s’étend sur une superficie de 25 km2 pour une population de 1 991 ha en 2019 (INSEE, 2022). Il s’agit d’une commune littorale et rurale.

Localisation du site d'étude. Suanez et *al.*, 2007

Figure 2.1: Localisation du site d’étude. Suanez et al., 2007

2.1 Géographie physique

2.1.1 Géologie, lithologie et contexte structural

Guissény se situe sur le domaine varisque du pays du léon. L’histoire de ce domaine peut être rapprochée de celle de ses homologues sud-armoricain : un bloc allochtone, correspondant dans notre cas au Léon, serait rentré en contact il y a environ 345 millions d’années (limite Dévonien-Carbonifère), avec l’Armorique le long d’une faille. Retenons que cette juxtaposition a donné lieu à un métamorphisme intense, atteignant l’anatexie3 dans certaines zones (SIGES Bretagne, 2022).

Extrait de la carte géologique de Plouguerneau au 1/50000

Figure 2.2: Extrait de la carte géologique de Plouguerneau au 1/50000

Les granites appartiennent à la ceinture des granites médio-armoricains ou à la ceinture septentrionale des granites rouges, on les trouve principalement aux alentours de Kerhornaouen ; ces roches possèdent des teintes rosées sur la carte géologique (fig. 2.2). Les migmatiques de Plouguerneau, noté M sur la carte, sont bien visibles à l’exutoire de l’étang. On notera la présence d’imposants filons de quartz (d’une puissance de 12 m à Toullouarn) le long de la faille orientée ONO-ESE qui a contrôlé la mise en place du secteur ouest de la falaise, aujourd’hui soustrait à l’érosion marine. Les formations superficielles, très étendues sur la commune, sont principalement des altérites, des colluvions et des dépôts sédimentaires quaternaire à l’image du cordon dunaire de la sécherie ou des heads qui recouvrent la falaise morte ; ces derniers sont observables quand la falaise devient vive au contact de la plage du Vougot.

Le contexte structural est caractérisé par une grande famille d’accidents sub Est-Ouest, correspondant à l’accident de Porspoder-Plouguerneau, recoupée ou recoupant des failles transverses et obliques (Faillat, 1998). Outre leur rôle dans la constitution des aquifères, ces failles ont une influence sur la genèse des morphologies. Ainsi, la baie de Tressény puis le cours aval du Quillmadec suivent une faille orientée NNO-SSE.

2.1.2 Géomorphologie

À l’instar d’une majeure partie du littoral du Nord-Ouest de la Bretagne, le littoral du pays pagan est caractérisé par la succession, de la terre vers la mer, d’un plateau s’élevant à une hauteur comprise entre 50 et 60 mètres, d’un talus subaérien – correspondant à une falaise morte – au pied duquel s’étend une plateforme à écueil. À proximité du talus, celle-ci est souvent recouverte par des dépôts quaternaires formant une basse plaine côtière d’où émergent les écueils déconnectés des processus marins. Au-delà de la ligne de rivage, la plateforme à écueil, parsemée de tombolos et de queues de comètes, réapparaît et se poursuit jusqu’à un talus subaquatique sensiblement parallèle au talus subaérien dont la rupture de pente sommitale se situe à des isobathes comprises entre -5 et -10 mètres. À Guissény, la distance qui sépare les deux talus est d’environ 7 km (profil C fig. 2.3) (Battistini & Martin, 1956).

La plateforme à accueil du pays du Léon. D'après Battistini et Martin, 1956.

Figure 2.3: La plateforme à accueil du pays du Léon. D’après Battistini et Martin, 1956.

L’intense dynamique de poldérisation ayant eu lieu sur le littoral français au XIXe siècle, dont l’objectif était de gagner des terres cultivables, a également touché Guissény. Ainsi, jusqu’au début du XIXe s., le marais du Curnic était une baie sableuse nommée Tresanaoues (fig. 2.4). Au total, trois digues ont été construites successivement dont il ne demeure aujourd’hui que la digue du Curnic longeant l’étang du même nom ; les vestiges de la digue qui reliait la pointe du Curnic (Beig ar Skeiz) au Dibennou sont toujours observables dans la baie de Porz Olier.

Poldérisation de l'anse de Tresanaoues. Le Berre et *al.*, 2012

Figure 2.4: Poldérisation de l’anse de Tresanaoues. Le Berre et al., 2012

2.1.3 Condition édaphique

Le référentiel régional pédologique (RRP) identifie deux grands pédopaysage4 sur la commune. La plaine côtière est composée à 75 % de thallassosol (UCS 104) correspondant à des « sols poldérisés hydromorphes de marais et sols de sable cultivés littoral ». Deux sous-types de sols sont reconnus : un « sol profond hydromorphe carbonaté dès la surface d’apports marins ou fluvio-marins » et un « sol calcaire sableux hydromorphe dès la surface ». La falaise morte et le plateau sont composés à 50 % de néoluvisols (UCS 1201) correspondant à des « sols profonds faiblement argilluviés souvent recalcifiés par des amendements, des plateaux légumiers limoneux ondulés du littoral sur granite ».
Dans le marais, l’alternance de conditions édaphique basique ou acide offre une mosaïque de biotopes permettant à des espèces végétales basiphile et acidophile de se développer dans un même espace.

2.1.4 Climatologie

Le contexte climatique et microclimatique d’un système constitue un forçage majeur pour les processus physiques et écologiques qui le caractérisent.

Le climat d’une zone donnée est défini par :

  1. Ses précipitations

  2. Ses températures

Ces deux facteurs interagissent avec le contexte atmosphérique (vent), physique et écologique de la zone étudiée, pouvant produire des rétroactions positives comme négatives. On retiendra notamment le processus d’évapotranspiration, en présence de végétation, ou d’évaporation sur une surface d’eau libre.

L’ensemble des paramètres physiques et écologiques variant dans l’espace et dans le temps, l’acquisition de données précises sur les conditions climatiques d’une zone donnée doit nécessairement se faire sur le lieu même de l’étude.
La mise en place d’une station est cependant coûteuse et son entretien chronophage, il existe donc peu de sites qui disposent de leur propre équipement.

2.1.4.1 Les données climatiques utilisées

Deux sources de données climatologiques ont été utilisées dans cette étude. La première est la station d’épuration de Guissény/Kerlouan (fig. 3.1) construite en 2018 est équipée d’un pluviomètre enregistrant des données à un pas de temps horaire. La deuxième est la base de données météo-france5, les stations utilisées sont situées à Brignogan-Plage et à Ploudalmézeau.
Dans la mesure où la série temporelle à la station d’épuration de Guissény/Kerlouan est relativement courte (quatre ans) et que nous ne disposons pas de valeurs de température pour celle-ci, nous utiliserons les données météo-france.

En 2001, Yoni a produit une comparaison entre les données pluviométriques de la station de Brignogan et des mesures in-situ. Il ressort que « si globalement, au cours d’un mois donné, courbe et histogramme ont la même allure, on se rend compte qu’il y a parfois de notables différences ponctuelles (18 au 24 novembre 2000 : précipitations très faibles à Brignogan, assez fortes à Guissény) » (Yoni, 2001).

2.1.4.2 Précipitations et températures

Dans cette section nous utiliserons, dans un souci de représentativité, les données de la normale climatique (1982-2010) à Brignogan.

Le maximum du cumul mensuel des précipitations est rencontré au mois de décembre avec un total de 133,4 mm, le mois le plus sec étant celui de juin enregistrant 43,1 mm. La moyenne annuelle des précipitations est de 908 mm.

Le mois le plus chaud est août dont la moyenne mensuelle est de 16,9 °C et le plus froid février ex eaquo avec le mois de janvier, tous deux enregistrant 7,9 °C. La moyenne annuelle des températures est de 12 °C et l’amplitude thermique annuelle de 13,6 °C.

On peut réunir les données de température et de précipitation pour obtenir un diagramme ombrothermique (fig. 2.5). Sans surprise, son aspect correspond à un climat océanique avec une tendance inverse des précipitations et des températures.

Diagramme ombrothermique à la station de Brigogan

Figure 2.5: Diagramme ombrothermique à la station de Brigogan

Les valeurs de l’évapotranspiration et de l’évaporation nécessaire au calcul des bilans hydriques et hydrologiques ont été calculées par les méthodes de Thornthwaite et de Penman ; la méthodologie et les résultats sont présentés dans l’annexe A.

Il convient d’ajouter que les zones humides ainsi que les étangs, outre un rôle de régulateur micro-climatique, possèdent un effet “rafraîchissant” à l’échelle locale ; on parle d’îlot de fraîcheur en opposition aux îlots de chaleur des zones urbanisées (Kuşçu Şimşek & Ödül, 2018 ; Zhang et al., 2022).

2.1.5 Hydrologie

2.1.5.1 Le réseau hydrographique

L’étude menée dans le cadre du projet d’Arrêté de Protection Biotope (APB) par J.P. Faillat en 1998 identifie 3 entités hydrographiques sur le territoire (Faillat, 1998). La première est une plaine alluviale correspondant au marais du Curnic, la deuxième au bassin versant (BV) de l’Alanan et la troisième aux cours d’eau de la falaise morte situés entre les deux précédentes entités (fig. 2.6). L’ensemble de cette zone représente une superficie d’environ 15,8 km2.

Entités hydrologiques connectées à l'étang du Curnic

Figure 2.6: Entités hydrologiques connectées à l’étang du Curnic

La plaine alluviale s’étend sur une superficie d’environ 3 km2 et est caractérisée par une zone topographiquement basse délimitée au sud par la falaise morte – les altitudes y sont inférieures à 10 m – d’où seuls quelques reliefs émergent, notamment à Beig ar Skeiz ou au Manoir du Curnic ; ancienne île du temps de l’anse Tresanaoues. Les faibles dénivellations et le lent écoulement des eaux qui en résulte ont favorisé la mise en place d’une zone humide après la déprise agricole. L’ensemble des cours d’eau qui transitent par le marais débouche dans l’étang du Curnic dont l’exutoire aboutit dans la baie de Porz Ollier. Une cartographie des fossés6 présents dans le marais a été réalisée en 2001 par C. Yoni (Yoni, 2001) puis reprise et augmentée par Chevalier (2016), elle est présentée dans la figure 2.7.

Biefs caractérisés et dépressions inventoriées dans le marais du Curnic en 2016, avec leur sens d'écoulement. M. Chevalier, 2016. Cliquer <a href='./figures/map.bief.png'>ici</a> pour agrandir l'image

Figure 2.7: Biefs caractérisés et dépressions inventoriées dans le marais du Curnic en 2016, avec leur sens d’écoulement. M. Chevalier, 2016. Cliquer ici pour agrandir l’image

La deuxième entité hydrographique est le bassin versant de l’Alanan d’une superficie d’environ 10,2 km2 et d’une élévation maximale de 79 m au Leuré. De sa source la plus éloignée à l’étang du Curnic la distance parcourue par l’Alanan est d’environ 6,7 km. À l’exception de sa partie aval, composée principalement d’alluvions, il s’écoule sur un substrat de roches plutoniques (e.g. granites) et métamorphiques (e.g. migmatites) (fig. 2.2). Avant de déboucher dans la partie Est de l’étang, il est canalisé sur une distance d’environ 300 m.
Calculer l’indice de compacité paraît pertinent dans la mesure où celui-ci permet d’estimer la réponse d’un bassin versant à un épisode pluvieux : plus le bassin versant est compact plus le débit de pointe7 sera important (toutes choses égales par ailleurs). Cet indice est à mettre en relation avec le temps de concentration8. L’indice de Gravelius est le plus utilisé, bien qu’il soit critiquable ; il est défini comme le rapport du périmètre du bassin versant (\(P\)) au périmètre d’un cercle de même surface (\(A\)) (Benjoudi & Hubert, 2002) (eq. (2.1)).

\[\begin{equation} K_g = \frac{P}{2 \cdot \sqrt{\pi \cdot A}} \approx 0,28 \cdot \frac{P}{\sqrt{A}} \tag{2.1} \end{equation}\]

Plus l’indice est supérieur à 1, plus le bassin versant sera de forme allongée. Pour le bassin versant de l’Alanan on obtient un indice de 1,63, sa forme est donc relativement allongée. Le débit de pointe sera donc susceptible d’être important.

La dernière entité hydrographique correspond à l’emprise de l’ensemble des bassins versants de la falaise morte. Sa superficie est d’environ 2,6 km2 avec un substrat similaire à celui de l’Alanan.

On peut synthétiser l’hydrogéosystème sous la forme du schéma présenté dans la figure 2.8.

Coupe hydrogéologique de la zone d'étude. D'après Faillat, 1998 et Yoni, 2001

Figure 2.8: Coupe hydrogéologique de la zone d’étude. D’après Faillat, 1998 et Yoni, 2001

2.1.5.2 Les aquifères la nappe phréatique

2.1.5.2.1 Les aquifères en présence

Dans le socle armoricain les aquifères sont circonscrits dans deux milieux : les formations superficielles (altérites, colluvions ou alluvions) et les fissures du substrat (sur le BV de l’Alanan et les BV de la falaise morte, il s’agit majoritairement de granites et de migmatiques comme nous l’avons plus haut dans la section 2.1.1) ; on parle d’un système bicouche drain-capacité.

Dans ce système, les altérites ont une fonction capacitive (i.e. elles stockent l’eau), leur porosité est intergranulaire et généralement faible. La partie sommitale du substrat est parcourue de fissures polygéniques (e.g. contacte entre formations, diaclases, fractures et failles, filons) jouant un rôle transmissif ; on parle de porosité de fissure. La circulation de l’eau serait 10 à 1000 fois supérieure dans la roche fissurée que dans les altérites (Reagih, 2011).

2.1.5.2.2 Débit de la nappe

Le programme SILURES conduit par le BRGM a mis en évidence en 2008 (Mougin et al., 2008), pour 70 bassins versants bretons, que l’importance de la contribution de l’écoulement des eaux souterraines aux débits des cours d’eau est fonction des précipitations moyennes annuelles, la pente moyenne sur le bassin versant, le pourcentage de schistes briovérien (corrélation négative), le pourcentage d’altérites (corrélation négative) et le pourcentage de granite. Une typologie a été émise :

  1. bassins versants granitiques et/ou métamorphiques avec altérites, à écoulement souterrain important
  2. bassins versants avec plus ou moins de schistes du Primaire sans altérites, à écoulement souterrain important
  3. bassins versants schisteux du Briovérien avec plus ou moins d’altérites, à écoulement souterrain faible

Le groupe 1 correspond à un échantillon de bassins versants situés dans le Nord Bretagne : Aber Benoit, Aber Wrac’h, Guillec, Jaudy etc. Le bassin versant de l’Alanan répond aux mêmes critères. Ainsi, la carte de synthèse « secteurs où l’exploitation de l’eau souterraine peut être encouragée » dans Mougin et al. (2008) identifie le débit du milieu fissuré utile sur la partie amont du bassin versant de l’Alanan à des valeurs comprises entre 10 et 15 \(m^ 3.h^{-1}\).

2.1.5.2.3 Contribution aux débits cours d’eau

La contribution des eaux souterraines aux débits des cours d’eau est consubstantielle à ceux-ci et soumise à une forte variabilité temporelle et spatiale. Ainsi, sur les bassins versants finistériens l’apport de la nappe varie de 2 à 70 % principalement en fonction du contexte géologique : les pôles schisteux présentent une “faible”9 contribution (35 à 50 %) quand les pôles granitiques en possèdent une “assez bonne” (55 à 60 %). Rappelons qu’il s’agit de valeurs moyennes affectées de variations importantes, notamment en fonction de la saison. Ainsi, en période d’étiage la contribution peut atteindre 100 % et, en cas d’épisode pluvieux intense ou long, elle peut descendre à 5 ou 10 % (Mougin et al., 2008 ; Reagih, 2011).

Notons que les zones humides reçoivent très souvent, de par leur position dans la topographie locale, une part importante d’eau dénitrifiée en provenance des eaux souterraines. Il est fort probable que la part des eaux souterraines dans le bilan hydrique du marais du Curnic et, a fortiori, dans celui de l’étang du Curnic soit importante.

2.1.5.3 Bilan hydrique du bassin versant

Sur un bassin versant, le bilan hydrique annuel se définit à l’aide de la pluviométrie \(P\) dont une fraction est évaporée \(ETP\), la fraction restante constitue les pluies efficaces (ou surplus \(S\) ) qui contribuent au ruissellement et à l’infiltration. Les écoulements souterrains permettent le rechargement de la Réserve Facilement Utilisable du sol (RFU) puis de la nappe souterraine (Faillat, 1998 ; Reagih, 2011). Le groupement d’intérêt scientifique GIS sol a publié une carte de la Réserve Utile dans les sols à l’échelle du territoire métropolitain ; le bassin versant de l’Alanan comprendrait des sols possédant une RU comprise entre 100 et 150 mm (Sol, 2011). Nous utiliserons la valeur de référence de 100 mm.
Il convient de rappeler qu’il s’agit ici d’approximations, le bilan hydrique étant fonction de nombreux paramètres variant spatialement (sol, climat, topographie etc.) et temporellement. Un bilan hydrique poussé devra donc intégrer la composante spatiale qui est, ici, éludée10.

Faillat (1998) et Merlet (2009) ont tous deux réalisé un bilan hydrique à partir des données de la station météo-france de Brignogan. La figure 2.9 présente le bilan actualisé à partir des données de la normale climatique à la station de Brignogan entre 1982 et 2010. La formule de l’évapotranspiration utilisée est celle thornwhaite, la zone concernée n’étant pas une surface d’eau libre l’utilisation de la méthode de Penman n’est pas indiquée (cf. Annexe A).

Distribution mensuelle des précipitations, de l'ETP et des surplus

Figure 2.9: Distribution mensuelle des précipitations, de l’ETP et des surplus

Entre octobre et avril, le surplus est positif se répartissant entre le ruissellement et l’infiltration. De mai à septembre, le surplus est nul indiquant que l’ensemble des précipitations est consommé par évapotranspiration ; il s’agit de la période où la nappe soutient majoritairement le débit des cours d’eau (cf. section 2.1.5.2.2). Un stress hydrique (évapotranspiration réelle < évapotranspiration potentielle) est identifié durant les mois de juillet, août et septembre, concomitamment, la réserve en eau du sol sera nulle avec pour conséquence un stress potentiel affecté à la végétation.

Nous aborderons la question des flux dans la partie résultat.

2.1.5.4 Le débit des cours d’eau dans la littérature

En 1998, Faillat calcule les débits de manière empirique pour la plaine sédimentaire du Curnic. Il estime un surplus d’environ 1 millions de \(m^3\) représentant un débit moyen de 0,033 \(m^3.s^{-1}\) et un débit spécifique de 11 \(l.s^{-1}.km^{-2}\). Il ajoute que les bassins versants indépendants de la falaise morte fourniraient le même volume d’eau. Ainsi, 2 millions de \(m^3\) d’eau circulerait dans le marais, puis dans l’étang du Curnic chaque année. L’Alanan, quant à lui, écoulerait environ 3,6 millions de \(m^3\), représentant un débit moyen de 0,114 \(m^3\).
Au total, le débit moyen à l’exutoire de l’étang est estimé à 0,18 \(m^3.s^{-1}\). J.P. Faillat extrapole la répartition mensuelle à partir du bassin-versant du Dourduff (Morlaix). Il estime ainsi que le débit moyen d’étiage serait égal à 0,03 \(m^3.s^{-1}\) en septembre ou octobre, les hautes eaux de janvier ou février correspondant à un débit mensuel de l’ordre de 1,1 \(m^3.s^{-1}\).

Outre l’estimation des modules par entité hydrologique, Faillat (1998) a également estimé les débits moyens de certains cours d’eau dans le marais. Le débit moyen du cours d’eau de Kermaro a été estimé à 2 \(l.s^{-1}\) et celui de Milin Ar Raden entre 2 et 3 \(l.s^{-1}\). Sur l’ensemble des cours d’eau, aucun ne possède un débit excédant les 3 \(l.s^{-1}\). Le débit moyen de l’Alanan a quant à lui été évalué à 50 \(l.s^{-1}\). Cette valeur semble sous-estimer le débit au regard d’autres mesures de débit effectuées par la suite sur cette rivière, notamment par la CLCL (CLCL, 2012) qui estime le débit moyen de l’Alanan à 1 \(m^{3}.s^{-1}\).
Notons qu’aucune méthode n’est mentionnée quant à l’estimation de ces valeurs, il faut ainsi rester prudent dans leur utilisation.

Yoni (2001) a également effectué des mesures de débit dans le marais entre novembre 2000 et mai 2001, le débit moyen annuel ne peut donc être calculé sur la base de ces données.
Les mesures effectuées à l’exutoire du drain principal du marais, au sud de l’étang, qui collectent les 2/3 au 3/4 des drains du marais (au niveau du point 2 dans notre étude, cf. partie 3), possèdent des valeurs comprises entre 0,04 et 0,41 \(m^{3}.s^{-1}\) avec une moyenne de 0, 23 \(m^{3}.s^{-1}\). L’histogramme suit la dynamique des précipitations.
À l’exutoire de l’étang, dans la baie de Porsolier, les valeurs sont comprises entre 0,45 et 1,49 \(m^{3}.s^{-1}\), la moyenne est de 1,05 \(m^{3}.s^{-1}\). L’histogramme est similaire au précédent à l’exception du mois de décembre où les débits sont « anormalement élevés » probablement dû à une précipitation directe importante dans l’étang.
Le rapport ne présente, là encore, ni méthode ni outil.

2.2 Écologie

Les modalités de la genèse du marais du Curnic ont favorisé la mise en place d’une mosaïque de milieux humides et mésophiles associés à la juxtaposition de conditions acides et basiques, conférant à cet espace une richesse spécifique très importante. Le site est renommé pour son intérêt botanique et ornithologique.

Dans la suite de cette section, nous utiliserons la terminologie Natura 2000 pour décrire les habitats et espèces présents au sein du site.

2.2.1 Habitats

Bien que d’une faible superficie (612 ha), le site abrite 24 habitats d’intérêt communautaire11 (terrestre et marins confondus) dont 2 prioritaires listés ci-dessous :

  • Dunes fixées à végétation herbacées
  • Tourbières acides à sphaignes et Drosera rotundifolia

La cartographie des habitats est en cours de mise à jour.

Initialement, l’étang du Curnic était classé en habitat d’intérêt prioritaire, il a été déclassé en 2009 en raison de l’absence d’une espèce végétale caractéristique de cet habitat : la Ruppie maritime.

2.2.2 Espèces

À l’origine, le site possédait 3 espèces d’intérêt communautaire (Liparis de Loesel, Agrion de Mercure et Damier de la Succise) auxquelles se sont ajoutés la Loutre d’Europe et le Phragmite aquatique. Ces deux espèces ont fait l’objet d’études ; le Groupe Mammalogique Breton s’est intéressé à la loutre et Bretagne Vivante ainsi que la DREAL au phragmite (Hemery, 2014).

Environ 190 espèces d’oiseaux fréquentent le site plus ou moins régulièrement, nombre représentant plus du tiers des espèces observées en Bretagne.

2.3 Géographie humaine

2.3.1 Une brève histoire du marais du Curnic

Le site du Curnic, à l’image de l’ensemble de la commune de Guissény, a été occupé par l’Homme depuis le néolithique si ce n’est depuis le paléolithique comme le laissent penser certaines traces datées aux alentours de 300 000 av. J.-C.. Jusqu’au XIXe siècle, la mer s’étend dans une baie sableuse en lieu et place de l’actuel marais du Curnic (fig. 2.4). Il faut attendre 1831 et la construction d’une digue entre la pointe du Curnic et le Dibennou pour assister à la naissance du polder. Cette digue sera brisée par les flots deux ans plus tard conduisant à la construction, en 1834, d’un nouvel ouvrage édifié en amont du premier ; il s’agit de l’actuelle digue du Curnic. L’assèchement du marais semble avoir opposé des difficultés aux exploitants du polder. Dans les années qui ont suivi, un mur fut construit à l’ouest de l’exutoire afin de faire obstacle à la dynamique sédimentaire qui conduisait à l’ensablement récurrent de l’exutoire. Concomitamment, des accumulations sableuses se sont édifiées aux extrémités de l’ouvrage.

Le polder est cultivé jusqu’à ce que la déprise agricole touche le marais dans les années 1980, seules quelques parcelles demeurent exploitées. L’urbanisation, ayant débuté dans les années 1960, continue de s’étendre au Nord-Ouest du marais. L’intérêt écologique se développe dans les années 1990 conduisant à la mise en place de protections réglementaires et foncières.

2.3.2 Les cadres réglementaires

Protections réglementaires et foncières sur le site. Nicolas Loncle, 2019 (mettre la référence c'est bilan d'activité 2018)

Figure 2.10: Protections réglementaires et foncières sur le site. Nicolas Loncle, 2019 (mettre la référence c’est bilan d’activité 2018)

Depuis 1973 et la création d’une réserve de chasse maritime appelée “Anse de Curnic”, en baie de Tresseny et de Porz Olier, de nombreux outils de protection de l’environnement ont été mis en place.

Un Arrêté Préfectoral de Protection du Biotope (APPB) est pris le 8 juillet 1997 pour un espace de 112 ha à l’intérieur du marais du Curnic en vue de « protéger la libellule Coenagrion mercuriale (Agrion de Mercure) ainsi qu’une quarantaine d’espèces d’oiseaux protégés pour lesquels les marais du Curnic constituent un site de reproduction, d’hivernage ou d’étape migratoire; d’espèces végétales protégées dont l’orchidée Liparis loeselii L.C.M. Richard (Liparis de Loesel), Drosera rotundifolia, Drosera intermedia. Cet ensemble présente un caractère de biodiversité floristique et faunistique exceptionnel » (extrait de l’arrêté).

Le site Natura 2000 a été créé en 2000 et le DOCOB validé en janvier 2002 par la Sous-Préfecture de Brest. Il couvre 612 ha dont 40 % de surface terrestre et 60 % de surface maritime. Nous avons d’ores et déjà discuté, dans la section 2.2, des habitats et espèces d’intérêt prioritaire et communautaire ayant suscité la mise en place de cette protection.

En février 2007, un Plan de Prévention des Risques de Submersion Marines (PPRSM) pour la commune de Guissény et de nombreuses communes littorales du Léon a été approuvé par arrêté préfectoral. Les zones concernées par l’aléa de submersion marine se situent sur le pourtour de l’étang du Curnic, les enjeux sont concentrés à l’ouest dudit étang.

En 2021, la candidature du site a été acceptée pour qu’il soit classé réserve naturelle régionale en 2023. Le processus de classement avec la définition du périmètre, la concertation avec les propriétaires privés et les usagers du site, ainsi que la rédaction de documents administratifs et scientifiques débutera en septembre 2022.

2.3.3 Un territoire à tradition maraîchère

Les sols léonards doivent leur fertilité à la présence de lœss12 périglaciaire ainsi qu’à la douceur d’un climat aux hivers bénins pour les cultures. Ce contexte physique a favorisé l’émergence d’un territoire à tradition maraîchère — on parle de la Ceinture dorée pour faire référence aux territoires du Nord de la Bretagne à fort ancrage agricole.

Bien que les pratiques culturales aient évolué, le plateau du Léon demeure aujourd’hui fortement exploité avec pour conséquence une détérioration de la qualité de l’eau des bassins versants tant sur le plan bactériologique (e.g. Escherichia coli) que celui des nutriments (e.g. nitrate, phosphore) (Merlet, 2009 ; Chevalier, 2016).

Cette forte emprise agricole est perceptible dans l’occupation du sol (fig. fig:map-occ-sol)13.

Occupation du sol sur la commune de Guissény en  2021, typologie Theia-Land.

Figure 2.11: Occupation du sol sur la commune de Guissény en 2021, typologie Theia-Land.

En utilisant la typologie Theia-Land on obtient une aire totale dédiée à l’agriculture de 1 104 ha (43 % de la superficie communale), chiffre sous-estimé dans la mesure où le recensement agricole (RA), conduit par l’Agreste en 2020, identifie une Superficie Agricole Utile (SAU)14, quelles que soient les exploitations, de 1 385 ha (55 % de la superficie communale). On note par ailleurs que Guissény compte exclusivement des exploitations de classe de taille économique moyenne et grande15.

La spécialisation de la production agricole est tournée vers la polyculture et le polyélevage (Agreste). Le Registre Parcellaire Graphique (RPG), correspondant aux zones de cultures déclarées par les exploitants permet d’accéder à des informations plus précises ; ces données sont libres d’accès et visualisables sur le géoportail.

2.4 L’étang du Curnic

2.4.1 Assises théoriques

D’un point de vue définitionnel l’étang du Curnic, bien qu’anthropogène, correspond à une lagune côtière dans l’acception de Kjerfve (1994)16 :

« une masse d’eau intérieure, généralement orientée parallèlement à la côte, séparée de l’océan par une barrière et reliée à celui-ci par un ou plusieurs bras de mer restreints, et dont la profondeur dépasse rarement quelques mètres. Une lagune peut être soumise ou non au brassage des marées, et sa salinité peut varier de celle d’un lac côtier d’eau douce à celle d’une lagune hypersaline, selon l’équilibre hydrologique. »

Perthuisot & Guelorget (1992) considère ce milieu comme une sous-entités du domaine paralique (de \(\pi \alpha \rho \alpha\) et, \(\alpha \lambda \varsigma\) que l’on peut traduire par « à côté du sel », le sel faisant référence à la mer) dont la particularité est la fonction de “zone tampon” inhérente à sa situation géographique d’interface entre le milieu continental et le milieu marin (De Wit et al., 2001).

En France, la littérature scientifique concernant les lagunes est principalement tournée vers le littoral méditerranéen, en comparaison les lagunes atlantiques demeurent peu étudiées.

2.4.1.1 Fonctionnement physique d’une lagune

Globalement, le fonctionnement physique d’une lagune est déterminé par :

  • Les apports en eau douce : débits des cours d’eau, infiltration des eaux souterraines et précipitations ;

  • Le taux d’évaporation ;

  • La marée (type de marée, marnage etc.) ;

  • Le vent ;

  • La géométrie et la dynamique des exutoires (ou de l’exutoire) ;

  • La topographie du fond et la bathymétrie — la profondeur moyenne est généralement faible dans une lagune.

D’un point de vue hydrodynamique, l’interaction entre l’ensemble de ces facteurs engendre un ou des schémas de circulation définis — dans la mesure où le forçage est à la fois continu et local. De manière générale, les courants de marée dominent près de l’exutoire, le vent étant le principal responsable du maintien de la circulation à l’intérieur de la lagune. Les courants nets et résiduels qui se produisent au cours des cycles de marées sont importants du fait de la faible profondeur de la colonne d’eau (Smith, 1994). Ainsi, au sein d’une lagune, les verticales sont souvent homogènes et la stratification temporaire.

Les bilans hydriques, salins ou encore thermiques dépendent intimement de cette circulation dans la mesure ou celle-ci contrôle les processus d’advection17.

2.4.1.2 Production primaire et biodiversité

Les lagunes côtières possèdent une production primaire intense allant de 18 à 232 \(Mol~C~m^{-2}y^{-1}\) (Gattuso et al., 1998). Cette production n’est pas homogène sur l’ensemble de la lagune et le brassage des eaux ne conduit pas à une distribution verticale évidente comme dans les milieux marins. Les producteurs primaires en présence sont les microalgues, les macroalgues ou les phanérogames marines. Le métabolisme net des systèmes lagunaires18 résulte en grande partie de la production primaire et des processus microbiens (Viaroli et al., 2005).

Comme dans la majorité des écosystèmes d’interfaces (écotones) entre le milieu marin et le milieu continental, la biodiversité est très importante dans les lagunes ainsi qu’à leur voisinage proche. Ces milieux font office de frayères pour les poissons et les invertébrés marins et offrent des aires de repos pour les oiseaux migrateurs.

Si les conditions photiques le permettent — en cas de faible turbidité —, les macroalgues et les phanérogames marines peuvent se développer sur l’ensemble du bassin. Ces communautés faisant à leur tour office d’habitat.
La communauté microbienne est composée des taxons hétérotrophes communs dans les eaux naturelles, leur rôle est la décomposition et la reminéralisation de la matière organique.
Le phytoplancton est principalement composé de diatomés, de dinoflagellés, de chlorophytes, de cryptophytes et autres microflagellés. Une grande partie des réseaux trophiques s’appuient sur ceux-ci.
Le zooplancton est caractérisé par des organismes hétérotrophes en suspension dans la colonne d’eau tels que les protistes et la microfaune (cladocères, copépodes et ostracodes). Ils sont consommés par les poissons et les macroinvertébrés.
Le benthos comprend l’ensemble des organismes sessile et mobile qui vivent sur le fond d’un milieu aquatique. Il permet le “recyclage” de la matière organique facilitant l’activité des bactéries. Des producteurs primaires inféodés aux substrats. Le zoobenthos, correspondant aux macroinvertébrés vivants sur ou dans la zone benthique, est composé de larves, de vers plats, d’annélides, de mollusques et de crustacés.
Les poissons constituent la majeure partie du nekton (i.e. les organismes qui ont la capacité de se déplacer dans la colonne d’eau en opposition au plancton). Les espèces en présence seront fonctions de la salinité et de l’aire géographique à laquelle appartient la lagune.
Celles-ci sont également des habitats idéals pour les oiseaux aquatiques, les amphibiens et certains mammifères (e.g. Loutre d’Europe, Ragondins) (Garrido et al., 2011).

Dans la colonne d’eau, le principal facteur qui conditionne la structure et les assemblages de communautés est la salinité et son gradient.

2.4.1.3 Les cycles biogéochimiques

Pichot et al. (1994) définit le cycle biogéochimique dans les milieux aquatiques comme une « notion théorique partant du constat que les quantités totales d’éléments chimiques, telle par exemple la quantité d’azote présente dans la nature, sont quasiment constantes et que ces éléments reviennent à leur état préexistant après avoir transité sous diverses formes chimiques au cours de leurs cycles » ; la notion a pour but de schématiser le comportement des éléments nutritifs dans un système. Les échanges peuvent se faire par une voie biologique ou géochimique.

Une fraction de la matière organique (MO) synthétisée par la production primaire dans la colonne d’eau est minéralisée sur place et exportée hors du système ou sédimente. Dans ce dernier cas, les particules déposées font l’objet de nombreux processus biogéochimiques se traduisant par une dégradation bactérienne de la MO ; on parle de diagenèse précoce. Le paramètre déterminant dans ces processus est la disponibilité en oxygène, premier oxydant de la MO, qui déterminera les voies d’oxydo-réduction. Des réactions secondaires s’appliqueront au produit de ces réactions.
L’importante déposition de la MO à la surface du sédiment inhérente aux lagunes implique une forte demande biologique en lien avec le processus de minéralisation. L’oxygène est vite limité et des conditions anoxiques se mettent en place rapidement, le sédiment est alors composé d’un étage superficiel oxique en-dessous duquel des conditions anoxiques se développent (Deborde, 2007).
Notons que, dans les lagunes les sédiments sont fortement susceptibles d’être remis en suspension par un brassage important de la colonne d’eau induisant une recomposition chimique locale ou globale du système lagunaire.

Il existe autant de cycle que d’éléments chimiques ; ceux du phosphore et de l’azote étant déterminant dans le fonctionnement biogéochimique des lagunes nous les commenterons brièvement ; les concentrations et le rapport de ces deux nutriments jouent également un rôle majeur dans les processus d’eutrophisation dont nous parlerons plus loin.
Les facteurs qui contrôlent majoritairement la concentration en azote dans lagunes sont le débit des cours d’eau et les échanges à l’interface eau-sédiment. Les trois principales formes inorganiques dissoutes de l’azote sont présentes dans les lagunes : le nitrate (\(NO_3^{-}\)), issu en grande partie du lessivage des sols cultivés19 ; l’ammonium (\(NH_4^{+}\)) provenant des zones d’élevage et des stations d’épurations et le nitrite (\(NO_2^{-}\)), correspondant à une forme intermédiaire de l’oxydation de l’ammonium en nitrate. Le phytoplancton (cyanophycées) fixe en priorité le nitrate, car son assimilation nécessite une faible quantité d’énergie. La matière organique morte est exportée par l’effet des marées ou sédimente. La dénitrification est réalisée par des bactéries dénitrifiantes (e.g. Pseudomonas) en milieu anaérobie (cf. section 2.4.1.5).
Le phosphore est l’un des éléments chimiques limitants les plus importants dans les écosystèmes. Quand il est d’origine anthropique, le phosphore provient de trois sources : l’industrie, les rejets domestiques et l’élevage. Dans l’eau, il est présent majoritairement sous sa forme inorganique dissoute : le phosphate (\(PO_4^{3-}\)). On notera que le cycle du phosphore a tendance à suivre les voies de sédimentation et de remise en suspension (Pichot et al., 1994 ; Mitsch & Gosselink, 2015 ; Daniel, 2020).

La figure 2.12 synthétise le fonctionnement global d’une lagune.

Schématisation du fonctionnement global d'une lagune. Cliquer <a href='./figures/schema.system_lagune.png'>ici</a> pour agrandir l'image

Figure 2.12: Schématisation du fonctionnement global d’une lagune. Cliquer ici pour agrandir l’image

La variabilité temporelle des éléments nutritifs dans les eaux côtières en lien avec la biomasse est, dans un système fonctionnel, saisonnière. En hiver, le débit des cours d’eau est maximum et les eaux de surfaces enrichies, l’ensoleillement et les températures sont insuffisants pour permettre le développement du phytoplancton : le en nutriment est alors maximal. Au printemps, les températures augmentent ainsi que l’ensoleillement avec pour conséquence un bloom phytoplanctonique important qui épuise très rapidement la réserve en nutriment. Les autres efflorescences sont à mettre en lien avec la reminéralisation de la matière organique permettant un rechargement du stock (fig. 2.13).

Schéma conceptuel de l’évolution saisonnière des concentrations en nutriments et de la biomasse phytoplanctonique en fonction de la température de l’eau et de l’ensoleillement dans les zones côtières non soumises à eutrophisation. D'après Daniel, 2020.

Figure 2.13: Schéma conceptuel de l’évolution saisonnière des concentrations en nutriments et de la biomasse phytoplanctonique en fonction de la température de l’eau et de l’ensoleillement dans les zones côtières non soumises à eutrophisation. D’après Daniel, 2020.

Dans les lagunes, les nutriments sont rarement des éléments limitants pour la production primaire ; ils sont importés dans le système tout au long de l’année et peuvent devenir les vecteurs d’une modification délétère de l’écosystème : l’eutrophisation.

2.4.1.4 Le phénomène d’eutrophisation

L’usage actuel du concept d’eutrophisation est très large et recouvre différents champs d’application ; il représente à la fois une problématique de gestion, un concept scientifique et un objet médiatique (Pinay et al., 2017). En 2017, Pinay et al. ont collecté un total de 170 définitions pour le concept d’eutrophisation, dont 118 dans la littérature scientifique et 52 sur des sites internet et des rapports techniques. Après analyse, deux définitions sont proposées en fonction de l’échelle temporelle considérée, géologique (“naturelle”) ou anthropique. Nous retiendrons la dernière :

« Syndrome d’un écosystème aquatique associé à la surproduction de matières organique induit par des apports anthropiques en phosphore et en azote »

Une eutrophisation est susceptible de se produire lors de la conjonction des facteurs suivants : un apport de nutriment (azote et phosphore) considéré excessif, un temps de résidence des eaux élevé dans le milieu, un ensoleillement suffisant et une température favorable.
Le premier compartiment écologique affecté sera celui des producteurs primaires avec une augmentation de leur productivité et une modification des communautés entraînant une réaction en chaîne sur l’ensemble de l’écosystème.

Dans une lagune, l’eutrophisation se traduira préférentiellement par des blooms phytoplanctoniques mais également par la prolifération de macroalgues telles que Ulva sp.. D’un point de vue physico-chimique, les conséquences de l’eutrophisation se manifestent par une diminution des concentrations en oxygène — parfois drastique — pouvant conduire à des situations anoxiques avec production de sulfure d’hydrogène (\(H_2S\)). Dans le cas d’une eutrophisation importante, une mortalité élevée des espèces présentes au sein du milieu peut être observée (fig. 2.14).

changements typiques de la dominance des producteurs primaires et de certains paramètres structurels et fonctionnels connexes pendant les phases d'eutrophisation croissante. Shramm 1999.

Figure 2.14: changements typiques de la dominance des producteurs primaires et de certains paramètres structurels et fonctionnels connexes pendant les phases d’eutrophisation croissante. Shramm 1999.

De nombreux indicateurs ont été développés pour quantifier le phénomène et suivre son évolution (Ferreira et al., 2011). Les principaux éléments suivis sont : la chlorophylle-a, l’oxygène dissous, l’azote inorganique dissous et le phosphore inorganique dissous.

2.4.1.4.1 Bretagne, marées vertes et politiques

En Bretagne, le phénomène d’eutrophisation côtière dont les “marées vertes” polarisent l’attention des médias est observé dans l’ensemble des baies dont les bassins versants sont caractérisés par une activité agricole intense (e.g. baie de Douarnenez, baie de Saint-Brieux). A fortiori, les milieux d’interface entre le domaine marin et continental présent sur ces territoires affichent souvent le syndrome d’une eutrophisation.

Les conséquences sanitaires, financières, représentationnelles et environnementales des marées vertes ont conduit l’État et les collectivités territoriales à s’emparer du sujet à partir des années 1990 avec la mise en place de programmes tels que Bretagne Eau Pure (BEP) en 1994 ou Prolittoral en 2002. L’établissement de ces politiques publiques sont concomitantes avec l’instauration de directives européennes concernant la qualité de l’eau tel que la Directive « nitrate »20 (1991), la Directive Cadre sur l’Eau (DCE, 2000) et la Directive Cadre Stratégie pour le Milieu Marin (DCSMM, 2008).
Un Plan de Lutte contre les Algues Vertes (Plav) est déployé en 2010, visant à « renforcer la sécurité sanitaire des personnes et la salubrité du littoral, en améliorant le ramassage et l’évacuation des algues vertes, d’une part, et à prévenir et réduire les fuites d’azote agricole, à l’origine des concentrations en nitrates des cours d’eau […] d’autre part » (Cours des Comptes, 2021). Huit bassins versants bretons ainsi que leurs baies respectives sont concernées par cette politique, représentant 7,3 % de la SAU et 10,5 % des exploitations agricoles bretonnes. Le second Plav est mis en place en 2017 et se conclura en 2021 (Cours des Comptes, 2021). Ces deux plans aboutiront à des résultats mitigés — à l’image des programmes antérieurs — et feront l’objet de nombreuses critiques révélant une situation complexe où la recherche du consensus ne semble pas être partagée par l’ensemble des parties (Aquilina et al., 2013 ; Delcros, 2021 ; Cours des Comptes, 2021).
On notera tout de même une diminution moyenne de 42 % des concentrations de nitrates dans les cours d’eau des huit baies concernées par les Plav depuis 2000, une sensibilisation des agriculteurs à la problématique des nitrates et une évolution des pratiques agricoles plus ou moins importantes en fonction des territoires.

Les bassins versants de l’Alanan et du Quillimadec sont compris dans les Plav sous l’appellation “baie de Quillimadec”. À Guissény, l’ensemble des plages et des baies en contact avec la baie de Tresseny sont touchées par l’échouage d’algues vertes ; seule la plage du Vougot, “protégée” par la digue du port, demeure préservée d’échouages importants. Bien que les dépôts sur le littoral guissénien soient inférieures à la moyenne des baies concernées par les Plav, la tendance décroissante générale n’y est pas observée ; on constate plutôt une « certaine stabilité des échouages » autour des 80 ha d’ulves échouées par ans (Cours des Comptes, 2021).

Échouage et ramassage d'algues vertes sur le plage du port du Curnic

Figure 2.15: Échouage et ramassage d’algues vertes sur le plage du port du Curnic

2.4.1.5 Capacité épuratoire des lagunes

Les lagunes possèdent un important potentiel d’épuration des apports en nutriment en lien avec les processus biogéochimiques et la forte production primaire qui la caractérisent. Preuve en est que la technique s’est inspirée de ces milieux pour concevoir des systèmes dits de lagunage dont l’objectif est l’épuration des eaux usées.

Dans la mesure où le nitrate est un des principaux facteurs contrôlant le phénomène d’eutrophisation, le processus de dénitrification fait l’objet d’une attention particulière dans les études visant à réduire les apports azotés. Il s’agit d’un processus dissimilatoire dont le résultat est la libération de diazote (\(N_2\)) et de protoxyde d’azote (\(N_2O\)) dans l’atmosphère par la réduction du nitrate suite à l’activité de bactéries hétérotrophes — principalement du genre Pseudomonas — en milieu anaérobie (i.e. dans la partie réductrice du sédiment). Par conséquent, la quantité d’azote disponible pour la production primaire s’en trouve limitée. L’équation (2.2) présente le chemin des intermédiaires dans le processus de dénitrification (Tiedje, 1988).

\[\begin{equation} NO_3^{-} \rightarrow NO_2^{-} \rightarrow N_2O \rightarrow N_2 \tag{2.2} \end{equation}\]

Un autre processus dissimilatoire dans le cycle de l’azote est la réduction dissimilative du nitrate en ammonium (Dissimilatory Nitrate Reduction to Ammonium (DNRA)) aussi appelé ammonification du nitrate ou du nitrite. Ce processus est moins efficace dans la régulation de l’eutrophisation car l’ammonium ainsi produit est utilisable par les producteurs primaires.

La dénitrification dans les lagunes tempérées serait contrôlée hiérarchiquement par les facteurs suivants : la température, la disponibilité en matière organique, la profondeur de la colonne d’eau et la bioturbation (fig. 2.16) (Crawshaw et al., 2019).

Hiérarchie des facteurs contrôlant la dénitrification dans les lagunes tempérées ouvertes et closes par intermittence étudiées dans Crawshaw et *al.*, 2019. Ce modèle conceptuel suppose que l'apport en nitrate pour les bactéries dénitrifiantes ne limite pas le taux de dénitrification. D'après Crawshaw et *al.*, 2019.

Figure 2.16: Hiérarchie des facteurs contrôlant la dénitrification dans les lagunes tempérées ouvertes et closes par intermittence étudiées dans Crawshaw et al., 2019. Ce modèle conceptuel suppose que l’apport en nitrate pour les bactéries dénitrifiantes ne limite pas le taux de dénitrification. D’après Crawshaw et al., 2019.

Les taux de dénitrification, dont la variabilité spatiale inter et intra-sites est importante, peuvent posséder des valeurs élevées. Seitzinger (1988) estime le taux dénitrification dans les sédiments estuariens et côtiers dans une gamme de valeur allant de 50 à 250 \(\mu mol~N~m^{-2}h^{-1}\). Le tableau ci-dessous présente quelques valeurs de taux de dénitrification dans différentes lagunes et milieux estuariens (Herbert, 1999).

Site Taux de dénitrification (\(mg~N~m^{-2} day^{-1}\)) Référence
Étang du Prévost (France) 1-153 (Rysgaard et al., 1996)
Randers Fjord (Norvège) 20-141 (Sørensen, 1978)
Kysing Fjord 3-1109 (Sørensen, 1978)
Baie d’Archachon 1-153 (Rysgaard et al., 1996)

Il convient de noter que les producteurs primaires entrent en compétition avec les bactéries dénitrifiantes pour la consommation des apports en nitrate et, souvent, seule une faible partie de ces apports est diffusée jusque dans les sédiments où la dénitrification se produit. Ainsi, ce processus pourrait s’avérer être un puits d’azote limité quand il n’est pas considéré comme négligeable (McGlathery et al., 2007 ; Crawshaw et al., 2019).

2.4.2 Études antérieures en lien avec l’étang du Curnic

Aucune étude antérieure concernant le marais du Curnic ne s’est intéressée spécifiquement à l’étang, cependant beaucoup d’entre elles y ont fait référence. Les données concernant le fonctionnement hydrologique et physico-chimique de l’étang acquises durant les études antérieures sont toujours inférieures à un an, ne permettant pas d’obtenir de résultats réellement significatifs pour caractériser le fonctionnement du site sur le long terme, comme le souligne Faillat (1998) « il est clair que pour trancher, un suivi climatologique et hydrodynamique dans le bassin versant de l’Alanan, pendant ou moins deux cycles hydrologiques, serait nécessaire pour assurer des corrélations correctes ».

Le déclassement de l’étang du Curnic en tant qu’habitat communautaire en 2009 à la suite de la disparition de la Ruppie maritime a conduit, une année plus tard, la mairie à réaliser une série d’analyse d’eau afin de quantifier les apports en nutriment dans le marais.

Le tableau ci-dessous récapitule les études et articles faisant référence à l’étang ainsi que les thématiques abordées en lien avec celui-ci.

Référence Thématiques abordées
(Faillat, 1998)
  • Salinité (conductivité)

  • Bilan hydrique

  • Débits entrants / sortants

(Piriou et al., 1999)
  • Abattement d’azote
(Yoni, 2001)
  • Bathymétrie

  • Débits (drains)

  • Salinité (conductivité)

(Merlet, 2009 ; Chevalier, 2016)
  • Qualité de l’eau
Groupe Ornithologique Breton, 2009
  • Diagnostic avifaune
(Hemery, 2014)
  • Diagnostic Phragmite
Groupe Mammalogique Breton, 2021
  • Diagnostic Loutre

2.4.3 Histoire de l’étang du Curnic

Évolution de l'étang du Curnic entre 1952 et 2021

Figure 2.17: Évolution de l’étang du Curnic entre 1952 et 2021

Depuis la poldérisation jusqu’aux années 70’s l’étang possède une superficie d’environ 6 ha correspondant approximativement à la partie nord de l’étang actuel, le cours l’Alanan est d’ores et déjà canalisé et s’écoule directement vers l’écluse sans transiter par l’étang dont l’alimentation en eau douce est principalement assurée par la nappe (Merlet, 2009) (fig. 2.17).

Vers la fin des années 70, un projet de pisciculture est lancé aux abords de l’étang avec la construction de bassins dans sa partie Est. Le projet aurait avorté après quatre ou cinq années d’activité suite à des oppositions locales21. Concomitamment, l’étang se voit approfondi et étendu par des extractions massives de sable, il atteint sa superficie actuelle de 16 ha en 1980 — les levés que l’on observe aux abords de l’étang, aujourd’hui colonisées par la végétation, sont les vestiges de ces extractions. Le sable a principalement été utilisé pour la reconstruction de Brest.

Jusqu’à aujourd’hui, l’emprise de l’étang n’a pas évolué. L’embouchure du canal de l’Alanan s’est comblée au cours du temps conduisant le cours d’eau à transiter par l’étang.

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  1. Sauf mention contraire, les figures présentées ont été réalisées pour les besoins du rapport.↩︎

  2. L’anatexie (terme inventé en 1907 par le pétrologue finlandais Jakob Sederholm, du grec άνατήξις, anatêksis, « fusion ») est la fusion partielle des roches dans la croûte terrestre. (wikipedia, cons. 12/04/2022 10:20)↩︎

  3. « Dans le cadre du Référentiel régional pédologique, on ne délimite donc pas des types de sols, mais on identifie des unités appelées pédopaysages regroupant un ou plusieurs types de sol. Ces pédopaysages, également appelés Unités Cartographiques de Sol (UCS), sont les plus petites entités représentables au 250 000ème et sont définis comme étant une portion du paysage dans laquelle les facteurs de genèse des sols sont homogènes (morphologie, géologie, climat, et dans certains cas occupation du sol). » (site du référentiel régional pédologique, cons. 12/07/2022 16:42)↩︎

  4. La majeure partie des données météo-france ne sont pas disponibles en accès libre. Le laboratoire LETG (auquel le master EGEL est rattaché) possède un accès à l’ensemble de la base de données.↩︎

  5. « Il n’existe pas de définition officielle pour distinguer un fossé d’un cours d’eau, mais les critères de la police de l’eau font jurisprudence (Circulaire du ministère de l’Écologie et du Développement durable du 2 mars 2005; Conseil d’État, 6ème et 1ère sous-sections, 334322, Publié au recueil Lebon, 2011) : « un fossé est un élément linéaire artificiel de collecte et d’écoulement des eaux de pluie, des eaux usées, de ruissellements de surface ou de drainage (Dolliger et al., 2014). Un fossé va donc intercepter soit les ruissellements de surface, soit va drainer le milieu en recueillant l’eau présente dans le sol et le sous-sol. Les échanges entre la surface et le milieu souterrain peuvent alors être modifiés (Carlier, N. et Gascuel, 2009) » (Chevalier, 2016)↩︎

  6. Le débit de point correspond au « débit maximum pendant une crue » (wikhydro, cons. 15/07/2022 15:54)↩︎

  7. Le temps de concentration est défini comme le « temps mis par l’eau pour parcourir la distance entre le point le plus éloigné (en temps d’écoulement) de l’exutoire et ce dernier » (Wikhydro, cons. 15/07/2022 16:00)↩︎

  8. La typologie utilisée est celle du programme SILURES (Mougin et al., 2008)↩︎

  9. Le lecteur intéressé pourra lire les références suivantes : (Zhang et al., 2008 ; Vorobevskii et al., 2020 ; Schmidt-Walter et al., 2020)↩︎

  10. Habitats listés dans l’annexe I de la Directive Habitats, ils :

    • sont en danger de disparition dans leur aire de répartition naturelle
    • présentent une aire de répartition réduite du fait de leur régression ou de caractéristiques intrinsèques
    • présentent des caractéristiques remarquables;

    Les habitats présentant un état de conservation très préoccupant sont appelés prioritaires.

    La cartographie des habitats du site Natura 2000 est actuellement en cours de mise à jour.↩︎

  11. Les loess sont des dépôts de limon issus de la déflation éolienne ; on les trouve souvent sous forme de ceintures périglaciaire ou péridésertique.↩︎

  12. Théia-Land utilise des « séries d’images optiques multi-temporelles à haute résolution spatiale (de type Sentinel-2, mais aussi dans le futur SPOT-6/7, voire Pléiades) et des données auxiliaires de référence pour l’étalonnage des méthodes et la validation des produits » (theia-land.frcons. 25/07/2022 11:41). Il s’agit donc d’une modélisation et non d’une ortho-interprétation, expliquant les valeurs aberrantes qui peuvent apparaître sur ce type de jeu de donnée (e.g. vignes sur le cordon dunaire de la sécherie).↩︎

  13. La superficie agricole utile (SAU) est une notion normalisée dans la statistique agricole européenne. Elle comprend les terres arables (y compris pâturages temporaires, jachères, cultures sous abri, jardins familiaux…), les surfaces toujours en herbe et les cultures permanentes (vignes, vergers…). (insee, 2020)↩︎

  14. La typologie des classes de taille est spécifiée ci-dessous :

    1. Micro exploitations : PBS inférieure à 25 000 euros
    2. Petites exploitations : PBS comprise entre 25 000 et inférieure 100 000 euros
    3. Moyennes exploitations : PBS comprise entre 100 000 et inférieure à 250 000 euros
    4. Grandes exploitations : PBS supérieure ou égale à 250 000 euros

    (Agreste -Recensements agricoles (RA))↩︎

  15. Dans un review article, Tagliapietra et al, 2009 discute des termes et des définitions utilisés pour classer les estuaires, les lagunes et les environnements associés.↩︎

  16. L’advection est le transport d’une quantité (scalaire ou vectorielle) d’un élément donné (tel que la chaleur, l’énergie interne, un élément chimique, des charges électriques) par le mouvement (et donc la vitesse) du milieu environnant. (wikipedia, cons. 26/07/2022)↩︎

  17. Le métabolisme d’un écosystème désigne l’énergie totale transformée par tous les organismes individuels qui composent un écosystème. Pour simplifier, les nombreux processus métaboliques qui transforment l’énergie dans les organismes ou les écosystèmes peuvent être regroupés en deux catégories : la production et la respiration (Encyclopedia of Earth Science, 2005).↩︎

  18. En Bretagne, par exemple, le CEVA (Centre d’Étude et de valorisation des Algues) indique que « 95 à 98 % des nitrates dans l’eau des bassins versants […] sont d’origine agricole » (Delcros, 2021).↩︎

  19. Il s’agit de la directive concernant la protection des eaux contre la pollution par les nitrates à partir des sources agricoles (Directive 91/676/CEE du Conseil du 12 décembre 1991).↩︎

  20. Les informations présentées sont susceptibles de ne pas être exactes. Un travail d’enquête auprès des anciens acteurs serait nécessaire pour acquérir des données fiables.↩︎